Mes chers collègues,
Permettez-moi de tous vous féliciter pour votre élection dans ce conseil municipal. Nous aurons la charge, tous, d’y représenter les Toulonnais. Hélas, et vous la savez, moins d’un électeur sur trois s’est exprimé lors du 1er tour, dans une situation inédite de peur légitime, accentuée par une communication incohérente du gouvernement : le jeudi qui précède, le président Macron prend solennellement la parole et conseille très fortement aux ainés, aux plus de 70 ans, de rester chez eux, de ne pas sortir ; le samedi, c’est le Premier ministre qui ordonne la fermeture de tous les bars, cafés, et restaurant du pays. Le dimanche, l’angoisse emmène une participation historiquement basse.
Je tiens à remercier les électeurs qui se sont portés sur nos suffrages, comprenant hélas (tout en le regrettant) ceux qui ont craint de se déplacer, espérant qu’ils ne rejoindront pas à l’avenir la cohorte des dégoutés de la politique et qui se sont détournés depuis longtemps de la chose publique en n’allant plus voter. La gestion, la si mauvaise gestion du gouvernement actuel dans cette crise, l’absence de masques, de tests et d’anticipation, rejoignent l’incurie de tant et tant d’autres gouvernements qui les ont précédé, le cynisme en plus.
Mes chers collègues, si la déception d’un score faible, rapporté à nos espérances, ne m’atteint pas, elle ne m’empêche pas non-plus d’analyser froidement la très faible mobilisation des électeurs, dont les nôtres hélas très fortement comme le montrent les enquêtes. Jugeant ce scrutin insincère étant donné le grand nombre d’électeurs qui n’ont osé se déplacer, le tribunal administratif aura à délibérer de mon recours déposé quelques jours après le 15 mars. Comment ne pas juger indécent de ne pas même représenter, tous ici réunis, au moins un électeur de trois ?!
Mais je crois aussi aux situations légales qui s’imposent pour le moment, et j’accepte parfaitement l’augure de siéger ce jour en séance inaugurale. La liste d’Hubert Falco est arrivée, dans les conditions de ce scrutin, très largement en tête.
Et tous réunis, ne représentant donc même pas 1/3 des électeurs de notre ville, il nous faut tout de même élire un Maire. Candidat, je vous propose de franchir le confinement intellectuel des habituels débats, et de regarder avec pragmatisme les opportunités qui s’ouvrent à nous.
Soit on continue comme avant avec les choix politiques qui, par exemple ici menés par une personne que je respecte humainement et qui politiquement n’est pas un perdreau de l’année (ce que je ne vois pas forcément comme un défaut), ont mené notre pays et notre ville à la situation que l’on connaît, lui à la fois comme ministre, sénateur, député, président du conseil général ou de Toulon Provence Méditerranée, ou encore Maire. Le bilan général de ces choix :
- fracture identitaire en raison d’une folle politique migratoire, liée à une insécurité grandissante et une barbarie omniprésente
- fracture territoriale en raison de la métropolisation qui concentre tout et tout le monde sur un petit espace, asphyxiant et bétonnant outrancièrement notre ville et désertifiant nos campagnes
- fracture sociétale en ayant tout accepté des déséquilibres imposés à la famille notamment, et qui, sous couvert de lois, organisent la disparition du modèle naturel de l’Homme et de l’écologie intégrale
- fracture économique, en acceptant tous les dogmes de l’ultrlibéralisme, du libre-échangisme, de la libre circulation, bref de l’€uroïnomanie, qui a laissé toutes nos productions industrielles ou patrimoniales partir toujours plus loin, au prix de notre dépendance et d’un désastre qui se lit d’autant mieux dans cette période de crise sanitaire
Ma famille politique est celle qui a porté depuis longtemps les questions du localisme, de la réindustrialisation, de la maitrise de ses outils monétaires et productifs, de la défense de notre identité française, de notre patrimoine provençal, de notre savoir-vivre et de notre savoir-être, de notre civilisation européenne. Contre l’anesthésie de l’opinion, il faut un retour de l’action nationale et cela passe aussi par nos villes.
Réagissant à une de mes quelques lettres ouvertes envoyées à Hubert Falco pendant le confinement pour continuer de pratiquer le mandat que nous ont toujours confié une partie non-négligeable des Toulonnais, un colistier « spécial numérique » de la majorité précédente, réélu parmi nous, estima s’adressant à moi qu’« on ne fera jamais d’un âne un cheval de course, même après x candidatures (aux élections, ndrl) ! Et le pire que tout dans ton cas, c’est que l’âne se prend pour un cheval de course ! »
On ne se méfie jamais assez du coup de pied de l’âne…. cette image figurative chère à Zola, qu’adresse un homme lâche ou faible (dit-on) à celui dont il n’a plus à redouter le pouvoir ou la force. En soulignant donc la faiblesse de notre score et ainsi « la force » de celui de sa liste, l’auteur du coup de pied, l’âne donc pour Zola, s’est autodésigné. Délicatesse de la littérature.
Et derrière cette pique numérique méprisante, je me rendais compte que grandissait dans les rangs de la rive droite (enfin surtout « mal à droite » devrais-je dire), je sentais grossir une sorte de complexe de supériorité absolue, quasi dogmatique. Et si en fait se créait à Toulon, sous nos yeux, un courant religieux d’un jour nouveau, sous le sceau de l’infaillibilité municipale, un dogme proclamé par l’Église de falcologie : la majorité municipale précédente et réélue majoritairement le 15 mars ne peut se tromper dans son pouvoir ordinaire qui lui a été donné par l’onction de l’élection, même à 30% de participation…
Alors j’ose croire dans le retour du bon sens, et je suis certains que beaucoup, y compris dans les rangs de la nouvelle majorité, pensent comme ce nous disons depuis longtemps, nous choisissons la bonne voie pour notre pays, nos régions et notre ville
- pour rétablir la sécurité dans tous les quartiers de la ville
- pour en finir avec la circulation congestionnée, désengorger nos rues
- pour se doter enfin de transports en commun propres et écologiques
- pour stopper la pression fiscale commune-métropole
- pour assurer un habitat harmonieux sans recours systématique au bétonnage excessif, revégétalisant nos places et nos rues
- pour soutenir le commerce de proximité, nos PME-PMI
- pour encourager les familles et soutenir la vraie détresse sociale
- pour entretenir et promouvoir le patrimoine de la ville, son identité provençale et française
pour le sursaut indispensable, pour assurer une ville plus sûre, plus propre et plus agréable, engageons-nous tous ensemble sur ce chemin. Osez ce vrai déconfinement !
Ma candidature ne serait qu’un témoignage ? Elle permet au moins de rappeler quelques lignes qu’il faudra tout de même suivre, pour nous tous, pour les nôtres, pour Toulon et pour notre pays. Je vous remercie.